Certains menaçaient de retirer les gamins de l’école, d’autres de quitter le pays… “Arrêtez de traumatiser nos enfants avec vos mesures à deux balles” faisait office de cri de ralliement. Je lâchai alors mon téléphone pour annoncer la nouvelle à ma progéniture. Celle-ci accueillit l’information avec un “Okay” désinvolte et un niveau de réaction aussi faible que si je leur avais indiqué l’heure du diner. Je me suis alors demandé qui était vraiment traumatisé par cette pandémie, les enfants ou les parents ?
Tout va très bien
Histoire de mettre les choses au clair, je tiens à préciser que je ne prétends pas être un expert en psychologie de l’enfant et que l’idée de cet article est avant tout de poser la question à partir de ma propre expérience (et de vous inviter à me donner votre opinion en commentaire). Je ne ferais jamais de généralités à partir de ce qui se passe dans ma famille.
Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à ma marmaille et laissez-moi vous présenter mes 2 garçons et leurs réactions face à la crise sanitaire et aux restrictions qu’elle engendre.
N°1 – 10 ans
Eternel angoissé, c’est le genre à paniquer quand il ne voit pas ses parents (même s’ils sont seulement dans la pièce d’à côté) et à penser qu’il va mourir dans son sommeil. Il est incapable de rester tout seul et nous réveille parfois la nuit pour savoir si on n’a pas été enlevé par des extra-terrestres. Bizarrement la situation générée par le Covid 19 passe sur lui comme une douce bise de printemps. Il ne nous a jamais dit avoir eu peur de l’attraper et trouve ça même plutôt cool que le couvre-feu et le confinement lui aient apporté plus de temps avec ses parents. Sa blague préférée du moment parle de Covid 19 (et de bananes qui ont peur de mûrir). L’histoire du masque, il trouve ça trop bien car ça fait comme les grands du collège, il nous avait même tanné plusieurs fois avant les vacances pour pouvoir le porter en classe pour faire comme ses copains qui sont déjà partis au collège.
N°2 – 6 ans
A l’inverse de son grand frère, cette demi-portion est une tête brulée que rien se semble effrayer (parfois au détriment de sa propre sécurité ?). Cet enfant a la particularité de savoir très bien exprimer ses émotions malgré son jeune âge. Il nous dit régulièrement ce qu’il ressent face aux situations qu’il vit. Depuis 8 mois on a eu droit à un seul “j’ai peur” au sujet du Covid, après qu’il a entendu une discussion de grands sur les symptômes des cas graves de la maladie. Le reste du temps, tout semble lui passer à des kilomètres au dessus. Je pense qu’il est à un âge où tout reste nouveau et exceptionnel et que mettre un masque parce qu’il y a une pandémie est placé au même niveau d’exceptionnalité que de mettre un bonnet parce que c’est l’hiver (il en a connu que 5 et encore surement moins si on compte les hivers où il avait conscience de ce qu’est un hiver).
D’une manière générale nos discussions ont très peu changé depuis la pandémie. Le soir, à table, ils nous parlent de leurs histoires avec leurs copains, des trucs appris en cours, des prochains Lego qu’ils vont construire ou des cadeaux qu’ils aimeraient à Noël. Le Covid et ses contraintes ne sont jamais au menu.
Une rentrée comme les autres ?
Lundi 2 novembre, on file à l’école. Devant la porte où les entrées se font par intermittence et par classe, des militaires patrouillent. Parents et enfants sont masqués. Dans quelques minutes le directeur lira un texte de Jean Jaurès aux élèves. Mais si les adultes tirent des têtes d’enterrement (comme dans des funérailles sans fin) les enfants sont tout contents de retrouver leurs copains.
– Oh t’as vu ! Des militaires !
– Trop bien ! C’est des chasseurs alpins, je crois.
– Mais pourquoi ils sont là ?
– Je crois que c’est à cause du prof qui s’est fait couper la tête
– Ah oui ! Ca doit être ça ! Au fait j’ai eu des nouvelles billes !
– Trop bien !
Ma progéniture s’engouffre dans l’école. Je les trouve épatants. En cette période compliquée, ce sont de vrais rocs de résilience, ma bouée de sauvetage dans le marasme ambiant qui menace de me submerger.
Mes gamins n’ont pas l’air traumatisé du tout. C’est juste moi (et surement les autres parents) qui est perturbé de les voir grandir dans de telles conditions. Mais pour eux tout est normal. A nous de nous en inspirer !
6 commentaires
Ici, ils sont un peu plus grands mais pas eu forcément de grands émois à l’annonce du reconfinement.
Le fait d’aller à l’école et de garder une “certaine normalité” du coup doit aider aussi dans leur tête (les copains, les repères scolaires).
Pour la petite histoire, pendant le 1er confinement, chez nous, ils se précipitaient presque pour faire leurs devoirs alors qu’auparavant, fallait presque se fâcher.
Après je pense qu’ils ont inscrit dans leur mode op’, la résilience…
Pareil chez moi. Je crois vraiment qu’ils ont une grande force d’adaptation.
Hello, l aîné 11 ans cette année me dit que franchement ce n est pas si compliqué que ça d avoir un masque. C est cool, comme un’ bienvenu dans le monde des grands ‘ le plus chixxxxt c est de se laver les mains tout le temps.
La seconde de 6 ans est toute fière d arborer ses nouveaux masques. C est un accessoire comme un autre qu il faut limite accorder avec la tenue. Elle le portait déjà pour aller en course- le côté rassurant contre un vilain virus- garre à ceux qui le porte mal ou ne se lave pas les mains !
Le plus difficile n est pas le masque mais de ne pas se toucher pour jouer.
Variez les modèles et les couleurs quoique pour le coup il n y en ai pas tellement si l on respecte la norme afnor du coup j utilise des tissus répondant à la norme et je couds un tissus plus amusant mais très léger côté visible de la chose.pour certains enfants et même adulte Il faut une bonne quinzaine pour s habituer.
Merci pour ton commentaire. C’est vrai qu’il y a un truc avec cette “accessoire pour grand” qu’est le masque. Ils ont l’air de kiffer.
Chez moi, c’est pas facile. Après le premier confinement, on a déménagé de Gerland au plateau de Saint-Rambert (j’veux du vert !). Dans l’absolu, ma pépette de 5 ans préfère le nouveau quartier, mais ça a impliqué beaucoup de changements à intégrer : nouvel appart, nouvelle vie avec mon nouveau compagnon, nouvelle école, nouvelle nounou le mercredi, nouveaux copains… auxquelles s’ajoutent toutes les mesures barrières pas si simple pour les petits… donc le reconfinement, où moi je reste travailler à la maison mais elle, elle doit aller à l’école, ça passe moyen moyen, et elle nous fait de belles crises d’angoisses… 🙁